Et si notre navigateur était le miroir de notre santé mentale ?
- valentinefilleul
- 2 mai
- 2 min de lecture
Il m’arrive régulièrement d’avoir l’impression que chaque session sur mon téléphone me laisse plus morose qu’avant. Je regarde souvent (trop) les actualités. Au menu : guerre, effondrement climatique, drames… Et ça me démotive ! Je savais que les écrans pouvaient nuire à notre bien-être, mais je pensais que tout ou presque se jouait sur le temps passé en ligne.
⚠️ Mais l’étude menée par Kelly et Sharot (2024) vient rebattre les cartes : 𝐜𝐞 𝐧’𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐬𝐞𝐮𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐜𝐨𝐦𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐝𝐞 𝐭𝐞𝐦𝐩𝐬 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐩𝐚𝐬𝐬𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐧 𝐥𝐢𝐠𝐧𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐭𝐞, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐜𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐪𝐮𝐨𝐢 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐜𝐥𝐢𝐪𝐮𝐨𝐧𝐬. Notre humeur influence nos clics… qui influencent ensuite notre humeur. Un cercle qui peut devenir vertueux ou profondément toxique.
📊 Les chercheurs ont mené 4 expériences (avec + de 1100 participants) pour suivre en temps réel les liens entre humeur et navigation web. Dans la 1ère, ils ont analysé ce que les gens consultaient pendant une semaine, puis comparé ça à leur état émotionnel quotidien. 𝐑𝐞́𝐬𝐮𝐥𝐭𝐚𝐭 : 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐬𝐞 𝐬𝐞𝐧𝐭𝐚𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐦𝐚𝐥, 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐨𝐦𝐦𝐚𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐞𝐧𝐮𝐬 𝐚𝐮 𝐭𝐨𝐧 𝐧𝐞́𝐠𝐚𝐭𝐢𝐟. 𝐄𝐭 𝐜𝐞 𝐭𝐲𝐩𝐞 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐞𝐧𝐮 𝐞𝐦𝐩𝐢𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐞𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐡𝐮𝐦𝐞𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐥𝐞𝐧𝐝𝐞𝐦𝐚𝐢𝐧.
🎯 Dans les dernières expériences, les chercheurs ont testé une intervention simple : afficher un indice de valence émotionnelle des contenus (positif/neutre/négatif), disons une étiquette type nutriscore mais version happyscore. 𝐂𝐨𝐧𝐬𝐞́𝐪𝐮𝐞𝐧𝐜𝐞 : 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐥𝐞 "𝐬𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐞́𝐦𝐨𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥" 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐜𝐢𝐩𝐚𝐧𝐭𝐬 𝐬𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐫𝐧𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭𝐚𝐠𝐞 𝐯𝐞𝐫𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐞𝐧𝐮𝐬 𝐩𝐨𝐬𝐢𝐭𝐢𝐟𝐬… 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐡𝐮𝐦𝐞𝐮𝐫 𝐠𝐥𝐨𝐛𝐚𝐥𝐞 𝐬’𝐚𝐦𝐞́𝐥𝐢𝐨𝐫𝐚𝐢𝐭. Une aubaine pour la santé mentale !
On parle donc souvent d’addiction aux écrans, de temps de connexion ou de “déconnexion nécessaire”. Mais on évoque beaucoup moins la qualité émotionnelle des contenus que nous consommons. Et pourtant, ce que nous lisons en ligne influence nos comportements hors-ligne : envie d’agir, d’aider, de se relier aux autres, de préserver ce qui est vivant.
👨💻 À l’ère de l’éco-anxiété, de la lassitude sociale, et des crises successives, ce type d’étude nous invite à une forme de 𝐬𝐨𝐛𝐫𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐞́𝐦𝐨𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐧𝐮𝐦𝐞́𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞. Il ne s’agit pas de s’enfermer dans une bulle naïve de “𝑝𝑜𝑠𝑖𝑡𝑖𝑣𝑒 𝑣𝑖𝑏𝑒𝑠 𝑜𝑛𝑙𝑦”, mais de reconnaître que notre moral est aussi façonné par ce que nous lisons. Et qu’il est légitime de veiller à préserver, dans nos flux, l’élan de vivre et d’agir.
𝘼𝙫𝙚𝙧𝙩𝙞𝙨𝙨𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩 : 𝙃𝙖𝙪𝙢𝙚𝙖 𝙎𝙘𝙞𝙚𝙣𝙘𝙚𝙨 𝙘𝙤𝙣𝙩𝙧𝙞𝙗𝙪𝙚 𝙖𝙪 𝙢𝙖𝙞𝙣𝙩𝙞𝙚𝙣 𝙙’𝙪𝙣 𝙢𝙤𝙧𝙖𝙡 𝙨𝙩𝙖𝙗𝙡𝙚 𝙙𝙖𝙣𝙨 𝙪𝙣 𝙢𝙤𝙣𝙙𝙚 𝙞𝙣𝙨𝙩𝙖𝙗𝙡𝙚. 𝙋𝙚𝙪𝙩 𝙘𝙤𝙣𝙩𝙚𝙣𝙞𝙧 𝙙𝙚𝙨 𝙩𝙧𝙖𝙘𝙚𝙨 𝙙𝙚 𝙡𝙪𝙘𝙞𝙙𝙞𝙩𝙚́.
Et pour consulter l'article entier : https://doi.org/10.1038/s41562-024-02065-6
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